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Pourquoi je me suis arrêté d’écrire

Cela fait des années que je n’ai plus rien écrit pour ce site. J’ai eu périodiquement des impulsions à m’exprimer sur des thèmes culturels, psychologiques ou politiques, mais j’ai toujours fini par me dire « A quoi bon ». Je suis probablement un aquaboniste !

La raison principale qui me décourage c’est l’ambiance culturelle qui règne à l’heure actuelle. Dès que quelqu’un exprime une opinion, une quirielle d’internautes s’acharnent, souvent avec violence, à détruire cette personne, l’accusent d’être « raciste », « fâchiste » ou je ne sais quoi. Je dois avouer que j’ai même de la peine depuis quelques années à dire mon opinion en société.

J’ai une grille de lecture pour ce phénomène que je tiens des travaux de Don Beck (dynamique des spirales), Ken Wilber (psychologie intégrale) et Jean Gebser. Pour résumer ce point de vue, nous sommes actuellement dans l’époque post-moderne. Le post-modernisme est né au début 1900 et ce sont les artistes qui ont les premiers exprimés dans leurs œuvres cette nouvelle ère.

En résumé et avec mes mots :  La réalité avec un grand R n’existe pas, tout est affaire de point de vue. Il faut donc déstructurer, c’est-à-dire briser les structures qui existent, afin de d’être plus en accord avec « l’univers ». Les minorités ont été oppressées par des hiérarchies qui ont créés, pour asseoir leur pouvoir, des « mythes ». Tout cela doit être déstructurer. C’est le mouvement de la libération de la femme, du combat contre les élites, du combat contre le racisme, et aujourd’hui pour l’acceptation des différentes orientations sexuelles.

Et ce mouvement nous a permis à tous de faire un saut exceptionnel, vers l’acceptation et la tolérance. La première impulsion du post-modernisme, juste après la remise en question (ou la déstructuralisation) a été l’intégration : le droit de vote des femmes, les minorités raciales, l’acceptation des différentes orientations sexuelles etc.. Nous voyons aussi ce processus dans le domaine artistique : tout le monde est un artiste et peut écrire un livre, faire de la musique, exposer ses œuvres, bref accéder à l’expression artistique.

Et cela est extraordinaire. Pour rien au monde j’aimerais revenir en arrière. Au contraire, il s’agit d’un acquis pour lequel des gens se sont battus, ont réfléchis, ont donnés de leur vie afin qu’il puisse se manifester. Pour plus d’intégration, d’acceptation et de droit à exprimer ce qui est en l’être humain.

Mais comme dans tous processus, il y a une dynamique de développement qui suit des étapes et je suis d’avis que nous sommes à la fin du post-modernisme.  Lorsqu’une société peut mettre un nom sur l’expérience culturelle qu’elle traverse, c’est que cette phase touche à sa fin. Et c’est le cas.

Mais le symptôme le plus flagrant que le post-modernisme touche à sa fin est qu’il est en train de devenir ce qu’il déteste le plus : une tyrannie. Au lieu d’aider à intégrer, il désintègre l’environnement. Tout était contenu dans la phrase de mai 68 : « il est interdit d’interdire ».

Mais pour exprimer cela différemment, voilà comment je perçois le langage de nombreuses minorités à l’heure actuelle :

Vous devez nous accepter et nous donner une place dans cette société. Et d’ailleurs, vous êtes inacceptable et vous devez disparaitre. Vous n’avez pas le droit d’exister.

En d’autres termes, et c’est là que le post-modernisme se suicide, il demande l’acceptation, puis n’accepte pas ce qui n’est pas acceptant.

Et c’est le nœud du conflit actuel, ce qui se joue quotidiennement dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Ce que je vais dire va peut-être choquer certains, mais je suis persuadé que c’est la seule manière de conserver les acquis du post-modernisme et de continuer notre développement d’êtres humains :

Nous devons accepter les fâchistes, les machistes, les racistes, les homophobes. Nous devons les accepter comme faisant partie intégrante de ce qu’est l’humanité, ou de ce qu’elle a été. Nous devons discuter avec, construire avec, faire avec. Car leur nier le droit à l’existence ne va faire que les renforcer. C’est un processus que les psychologues connaissent très bien : Réprimez un aspect de vous, niez-le et il ne fera que venir vous hanter avec violence, jusqu’à ce que vous l’acceptiez.

L’autre dimension, plus complexe, que la nouvelle ère culturelle devra intégrer – si nous ne nous désintégrons pas avant – est de ne plus avoir peur de la hiérarchie, c’est-à-dire qu’il va nous falloir appeler un chat un chat. Il y a des productions artistiques par exemple, qui sont de la merde. Un point c’est tout. Il y a des gens qui ne sont pas efficaces pour certaines tâches, c’est tout et c’est comme ça.

Là où cela devient complexe c’est qu’ils ont le droit de s’exprimer, de s’exercer, de progresser. C’est un élément important. 

Et c’est je pense, la tâche qui se trouve devant nous en tant que société : comment allons-nous discuter et intégrer ces parties que nous n’aimons pas et, qui ont le droit d’exister. Jean Gebser avait le premier dit que la période culturelle qui suivrait le post-modernisme serait intégrative. Certains pensent donc que nous allons dans la période dite « intégrale », caractérisée par une réintroduction de la notion de hiérarchie, mais sur des bases concrètes (je suis chef pas parce que je suis un homme ou bien né, ou parce que la société veut un quota de.. , mais parce que je suis efficace et désigné par le groupe).

L’autre dimension de cette nouvelle ère devra être la capacité à accepter et discuter avec « l’inacceptable » afin de lui donner sa place et de lui permettre d’exprimer son énergie de manière constructive.

Voilà pourquoi je n’ai plus écrit. Parce que j’ai peur de dire mon avis, parce que je suis triste de ce qui se passe, parce que le parloir est occupé par des minorités qui deviennent tyranniques avec le temps.

 Bon, un peu de courage…. J

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